Avis aux amoureux de la Chine, aujourd’hui je vous propose deux lectures sur ce pays si intrigant. Tout d’abord un conte du 18e siècle extrait du recueil Xie Duo réunissant plus de 100 récits merveilleux. Et enfin le roman Celle qui Devint le soleil de Shelley Parker-Chan.
Histoire merveilleuse d’un Tigre amoureux
Ce conte nous emporte dans le pays de Qinchuan au coeur de la Chine. Là-bas vit une jeune fille du nom de Huo Xiaoying. Mr et Mme Huo, cultivateurs de pivoines, ont toujours pris soin de leur fille, leur plus belle fleur. Mais la beauté de Xiaoying n’est pas passée inaperçue et leur voisin, Mr Xue, la demande sans cesse en mariage. Ses parents, n’ayant pas confiance en cet homme, ont toujours refusé. Alors, pour se venger, Mr Xue va faire emprisonner le père de la jeune fille qui mourra par la suite. Sa mère fera alors une promesse « celui qui vengera mon mari aura le droit d’épouser ma fille ». Mais que se passerait-il si ce dernier était un tigre ?
Ce conte nous rappellera sans conteste celui de la Belle et la Bête. D’une jeune fille et d’un animal liés par un destin tragique. Mais contrairement à ce dernier, cette histoire est beaucoup plus dure. Je dirai même plus réaliste bien que l’on reste dans le domaine du conte. Ainsi, le tigre ne parle jamais, mais ses émotions sont parfaitement décrites et ses réactions bien plus humaines que certains Hommes.
Les dessins d’Agatha Kawa sont magnifiques. Ils se marient parfaitement à l’histoire et viennent même la sublimer. Les couleurs, le style graphique tout est parfait et donne même une impression de dorure.
À tous les amoureux de contes, je vous conseille vivement cette très jolie découverte.
Celle qui devint le soleil
Passons maintenant au tout premier roman de Shelley Park-Chan qui débutera également sur des tonalités assez tristes.
Nous sommes au 14e siècle, au moment où les Mongols ont envahi la Chine et pris le pouvoir. Nous y découvrons la famille Zhu issue du peuple Nanren, la plus basse caste à cette époque car c’est ainsi que l’on nommait les anciens Chinois du Sud. De cette famille, il ne reste que le père et ses deux enfants : Chongba, le fils et la fille (oui, notre personnage principal n’aura pas de prénom au début de l’histoire). Alors que le devin du village prédit un avenir fait de grandeur au fils, pour la jeune fille, il n’en est rien. Mais un événement tragique viendra perturber ces différents destins et posera un ultimatum à la fillette : rester dans son village rongé par la famine ou revêtir une nouvelle identité et changer son avenir. C’est ainsi que la fille s’appellera désormais Zhu Chongba et parcourra la Chine à la recherche de grandeur.
Je suis plutôt mitigée sur ce roman.
Ce que j’ai aimé :
Un roman sur fond historique. Les lieux, certains personnages et événements sont issus de la réalité, mais ont été réinterprétés librement. Ainsi, j’ai trouvé intéressant d’en apprendre plus sur ce pan de l’histoire de Chine que je ne connaissais pas bien. Le livre se lit plutôt facilement et j’ai dévoré certains passages qui me tenaient en haleine.
Autre point que j’ai beaucoup aimé : des personnages féminins forts. Zhu Chongba est un personnage impressionnant. Elle souffrira de s’être approprié cette nouvelle identité et s’efforcera d’effacer toute trace de la jeune fille du passé avec courage. D’autres protagonistes féminins viendront à sa rencontre et seront tout aussi intéressants.
Côté Mongole, nous suivrons en parallèle l’histoire d’un eunuque qui lui aussi a tout perdu et se retrouve forcé de servir les assassins de sa famille. Bien qu’il ait un caractère opposé à celui de Chongba, on verra que beaucoup de choses les rapprocheront et j’ai adoré suivre son histoire ainsi que son dénouement.
Ce que j’ai moins aimé :
Bien que ces deux personnages soient captivants, je ne les ai pas trouvé attachants et j’ai eu beaucoup de mal à comprendre certains de leurs choix. De plus, l’histoire m’a parfois perdu lors de descriptions et de métaphores. Je pense, malheureusement, ne pas avoir complètement accroché à la plume de l’autrice.
Concernant l’histoire, j’ai adoré les premières et troisièmes parties, mais beaucoup moins la seconde que j’ai trouvé très redondante. J’ai également pu noter certaines facilités scénaristiques. De plus, cette histoire est une uchronie avec pour objectif, je pense, d’imaginer comment une femme à cette époque aurait pu atteindre la plus haute caste en partant de rien. Seulement cette dernière se fait passer pour un homme du début à la fin et épouse même une femme donc nous ne ressentons pas complètement cette difficulté.
Enfin, en écrivant cet article, j’ai appris que ce roman était finalement le premier tome d’une duologie. Je ne pense pas lire la suite par rapport à mes points négatifs et, finalement, la conclusion m’allait plutôt bien !