À l’occasion de la sortie de Moi, Pandore, la première femme, et Moi, Pénélope, reine d’Ithaque, aux éditions Scrineo, nous avons eu la chance d’échanger avec l’autrice, Sylvie Baussier, qui nous parle de son travail sur cette belle édition consacrée à la mythologie grecque pour les plus jeunes !
1/Bonjour Sylvie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Depuis combien d’années écrivez-vous et qu’est-ce qui vous a incité à vous spécialiser dans la littérature jeunesse ?
Dès que j’ai su lire, j’ai dévoré des livres… Ils me permettaient d’échapper à un quotidien qui, sans être tout noir, n’était pas franchement rose. Ensuite ma vie professionnelle a tourné autour des livres : après des études littéraires,j’ai été brièvement bibliothécaire, puis éditrice d’encyclopédies. J’ai écrit un livre pour la jeunesse, puis deux, et je me suis dit « Si j’écris et suis publiée, je suis autrice, quel bonheur ». Un rêve d’enfant se réalisait ! J’ai dû le vouloir très fort! Ecrire pour la jeunesse a toujours été une évidence pour moi, j’essaie de proposer aux jeunes des livres que moi-même j’aurais aimé pouvoir lire enfant. Je crois que je m’adresse aussi à mon enfant intérieur, sans me le formuler. Cela fait plus de 25 ans que ça dure 🙂
2/ Nous avons vu que vous avez écrit de nombreux livres sur des périodes ou des personnages historiques. Pourquoi avoir choisi cette fois-ci de vous plonger dans la mythologie ?
J’écris depuis le début sur les mythologies. Elles m’ont fascinée dès la classe de 6e, où j’ai découvert les mythologies grecque et égyptienne – je ne viens pas d’une famille cultivée. Elles proposent un ensemble d’histoires magiques qui donnent un sens au monde. Inépuisable!
3/ Pour cette nouvelle collection, comment avez-vous mené vos recherches et combien de temps de préparation a-t-il fallu pour l’un de ces livres ?
Je connais plutôt bien la mythologie grecque. Pour peaufiner, je fais mes recherches en me plongeant dans les textes et l’iconographie de la Grèce antique, et parfois j’élargis. Cette phase peut s’étaler sur plusieurs mois, j’aime bien avoir du temps pour élaborer ce que je veux écrire.
Il me serait bien difficile de comptabiliser ce temps. Est-ce que ça compte quand on rêve du personnage?
4/ Comment sélectionnez-vous les personnages sur lesquels vous écrivez ? Y a-t-il une raison particulière derrière le choix de Pénélope et Pandore ?
Dans cette collection, j’ai voulu donner la parole à des personnages que l’on connaît de façon stéréotypée. Par exemple, en général, on sait de Méduse qu’elle a des serpents à la place des cheveux, que son regard pétrifie… Voilà, c’est une méchante. Mais qui sait qu’avant d’être transformée par Athéna, elle était une belle jeune fille ? Qui sait qu’elle a été la victime d’un dieu ? Le consentement, dans cette histoire, est une notion totalement inexistante.
J’écris sur des personnages dont l’histoire me touche et a été racontée souvent de façon stéréotypée, avec de gentils vainqueurs et de méchants vaincus. Un ordre du monde très confortable qui ne correspond pas aux sources, ni à l’éthique. Pandore ? La première femme, selon la mythologie grecque. Créée par Zeus pour… punir les hommes. Cela valait le coup de lui donner la parole, non ? Pénélope ? Elle disparaît derrière la figure d’Ulysse. Est-elle juste une épouse fidèle et une patiente tisserande ? Non! C’est une reine qui dirige seule le royaume durant vingt ans tout en élevant son fils en solo…
5/ L’idée de donner la parole à vos personnages, que ce soit les monstres dans votre précédente collection ou les femmes de la mythologie ici, est très originale. Comment cette approche vous est-elle venue ?
Cette idée est profondément ancrée en moi. Je l’ai déjà mise en œuvre dans d’autres romans, comme Les autres, mode d’emploi, où je donne la parole à un jeune autiste Asperger. Sans doute parce que j’avais un frère porteur de handicap, parce que j’ai un fils autiste, la parole de ceux que l’on n’entend pas me touche. Il ne s’agit pas que de parler d’eux, mais d’écouter leur parole.
6/ Avez-vous un mythe ou un personnage que vous affectionnez particulièrement ? (dans la mythologie grecque ou d’ailleurs !)
Celui dont je suis en train d’écrire l’histoire entre en résonnance avec mes émotions. C’est le processus à chaque fois. Je crois que je ne peux pas écrire sur un personnage que je trouve totalement antipathique. C’est un exercice que j’admire, d’ailleurs (La mort est mon métier de Robert Merle pour n’en citer qu’un).
7/ Envisagez-vous d’autres tomes dans la même série ? Avez-vous d’autres projets pour 2024 ?
Oui, je suis en train de rassembler de la documentation pour les deux prochains titres de cette collection, de réfléchir à la façon dont je vais les aborder. C’est un long processus. Et bientôt vont sortir d’autres livres: Marie Curie, la femme de sciences, en avril chez Scrineo, le Kididoc Léonard de Vinci aux éditions Nathan, et d’autres projets sont en préparation 🙂
Un grand merci à Sylvie pour sa gentillesse et ses réponses passionnantes, et aux éditions Scrineo de nous permettre de découvrir cette nouvelle collection autour de la mythologie ! On vous donne rendez-vous en librairie début février pour retrouver Moi, Pandore, la première femme, et Moi, Pénélope, reine d’Ithaque, aux éditions Scrineo !
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