C’est lors de mon week-end au festival Quai des Bulles que j’ai découvert Jours de sable. Ayant remporté le prix Ouest-France, je me souviens m’être précipitée dès le lendemain de sa consécration au stand Dargaud afin d’obtenir cet ouvrage. Et très sincèrement, je ne regrette pas mon choix.
Jours de sable : le premier roman graphique d’Aimée de Jongh
États-Unis, 1937 – Le pays est alors touché par l’une de ses plus grandes crises économiques avec pour point de départ le krash boursier de Wall Street. C’est dans ce contexte difficile qu’évolue John Clark, un photoreporter de 22 ans. Il est engagé cette année-là par la Farm Security Administration, un organisme gouvernemental chargé d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Pour son premier reportage, il est envoyé à Panhandle située dans l’Oklahoma. Également appelé No man’s Land, cette région est frappée par la sécheresse et une série de tempêtes de poussière. Jonh aura donc pour mission de témoigner, via la photographie, des conditions dramatiques des agriculteurs du Dust Bowl*. Mais sa tâche s’annoncera bien plus difficile que prévu…
Une histoire boulversante
Bien que les personnages soient fictifs, le cadre et les événements liés au Dust Bowl et à la Grande Dépression sont quant à eux basés sur des faits réels. L’autrice a également expliqué s’être inspirée du photographe Evans Walker pour créer le personnage de John. J’ai donc trouvé ce roman graphique très enrichissant en plus d’être magnifiquement réalisé. La patte graphique d’Aimée de Jongh retranscrit parfaitement le contexte catastrophique du Dust Bowl. Les doubles pages de paysage ainsi que les portraits sont impressionnants et nous plongent complètement dans l’histoire.
J’ai également beaucoup aimé la réflexion autour de la photographie et son questionnement sur la mise en scène. Doit-on obligatoirement passer par ce stratagème pour rendre compte du malheur et du désespoir ? Et surtout prendre en photo ces pauvres gens peut-il réellement faire changer les choses ? Lors de mes recherches sur le photographe, j’y ai trouvé un début de réponse : « si le sujet se laisse photographier dans cette posture, c’est que son regard a quelque chose à nous dire. Ce n’est peut-être plus nous qui le regardons, mais lui qui nous accuse. »
Pour conclure, ce roman graphique est un véritable coup de cœur pour moi. J’avoue l’avoir dévoré en une journée alors que d’habitude, je ne suis pas friand des lectures sur fond historique. Je vous le conseille donc vivement car bien que le Dust Bowl ait disparu en 1939, les écologistes craignent un retour de ce phénomène dû notamment au réchauffement climatique.
*Le Dust Bowl est une zone ovale à cheval sur l’Oklahoma, le Kansas et le Texas. Elle tire son nom d’un phénomène local : les tempêtes de poussières.